TCR

Théorie des cadres relationnels

La Théorie des Cadres Relationnels (TCR) représente le socle théorique de la Thérapie d’Acceptation et d’Engagment (ACT). Il s’agit d’une approche comportementale contextuelle du langage et de la cognition. Selon cette approche, le langage reposerait sur notre capacité à établir des relations arbitraires entre les stimuli, et non pas seulement des relations basées sur leurs propriétés physiques ou formelles (i.e., relations non-arbitraires). Cette capacité nous distinguerait des autres animaux (Hayes, Barnes-Holmes, & Roche, 2001).

 

Développement sur la TCR

Prenons un exemple : l’apprentissage de la manière de nommer un chat

Imaginons qu’on apprenne à un enfant que le mot écrit « chat » réfère à l’animal « chat » et que l’animal « chat » renvoie au son « chat ». A partir de ces deux informations, l’enfant va pouvoir dériver plusieurs informations supplémentaires :

·         D’abord : que l’animal « chat » renvoie au mot écrit « chat » et que le son « chat » représente à l’animal « chat ». On parlera alors d’implications mutuelles, c’est-à-dire de bidirectionnalité des relations arbitraires (i.e., une relation dans un sens est entraînée, et la seconde dans l’autre sens est dérivée de la première).

·       Ensuite : que le mot « chat » et le son « chat » sont équivalents, dans la mesure où ils renvoient tous les deux à l’animal « chat ». On parlera alors d’implications mutuelles combinées (i.e., extension des implications mutuelles), c'est-à-dire l’élaboration d’une relation arbitraire qui serait dérivée d’au moins deux relations arbitraires.

·     Enfin : Si l’enfant aime l’animal « chat », alors le fait de voir le mot « chat » ou d’entendre le son « chat » pourra susciter une réaction de joie. A contrario, si l’enfant vient de perdre son chat, alors le simple fait de voir ou d’entendre le mot « chat », ou toutes autres stimuli associés aux chats pourra activer les souvenirs et la douleur relative à la perte de son propre chat. On parlera alors de transformation de fonctions, c’est-à-dire du fait que la réponse élicitée par un stimulus d’une relation arbitraire (e.g., l’animal « chat ») va transformer / influencer sur la réponse élicitée par les autres stimuli de cette relation (e.g., le son « chat » ou le mot « chat »).

Ces trois propriétés ont été démontrées expérimentalement dans plusieurs types de relations arbitraires (voir Hayes, Barnes-Holmes, & Roche, 2001 pour des exemples). On distingue alors les relations arbitraires / cadres relationnels :

•         De coordination / équivalence : e.g., le mot « chat » représente / équivaut à l’animal « chat ».

•         D’opposition : e.g., « les chats sont opposés aux chiens. »

•         De comparaison : e.g., « les chats sont plus domestiques que les tigres. »

•         De distinction : e.g., « Mon chat est différent de ton chat. »

•         Temporel : e.g., « J’ai adopté mon chat avant que tu adoptes le tiens ».

•         Spatial : e.g., « Je suis au travail et mon chat est à la maison. »

•         Conditionnel : e.g., « Si je caresse mon chat et qu’il ronronne, alors ça veut dire qu’il est content. »

•         Hiérarchique : e.g., « Manger végétarien fait partie des comportements pour préserver les animaux. »

Selon la Théorie des Cadres Relationnels, la capacité de l’être humain à établir ces différents cadrages relationnels (i.e., relations arbitraires) permettrait le développement du langage et de la cognition (e.g., résolution de problème, poursuivre des sources de motivations distale, prise de perspective…). En contrepartie, cette capacité serait également à l’origine de nos difficultés à échapper à des pensées ou émotions douloureuses (e.g., car un stimulus douloureux peut être présent dans des centaines de relations arbitraires) et de nos difficultés à modifier des patterns comportementaux problématique (e.g., car nous ne sommes pas simplement sensibles aux contingences réelles de nos comportements, mais également à des règles dépendant de relations arbitraires problématiques). La bonne compréhension du fonctionnement des cadrages relationnels pourrait alors s’avérer essentiel pour mieux appréhender ces difficultés et intervenir dessus.

Le lecteur intéressé pourra se référer à l’excellent livre en anglais de Torneke et al. (2010) « Learning RFT: An Introduction to Relational Frame Theory and Its Clinical Application ». Le lecteur intéressé pourra également se référer à des livres disponibles en français tel que celui de Villatte et al. (2019) « Maîtriser la conversation clinique : Le langage en thérapie ».